Absence(s)
Se réveiller un matin avec le sentiment de ne plus « être » !
Absent de toute scène de vie, désolidarisé de votre propre existence. Un mur s’est construit entre vous et le réel, entre vous et le monde extérieur. Vous avez atteint le point de rupture et basculé vers un refus catégorique de voir et vivre votre quotidien, vous avez pris congé de vous.
Vous vivez alors dans un épais brouillard, incapable de vous définir émotionnellement, incapable de comprendre ce qui vous entoure. Tout est indéterminé ou grossièrement défini.
Regard distant sur ces choses banales du quotidien. Ces scènes, ces endroits vous semblent imprécis, insignifiants et parfois vides de sens. Regard porté sur soi, sur une absence profonde de choses essentielles qui pourraient vous aider à comprendre ce qui vous perturbe, vous angoisse et qui vous a fait basculer.
Absence de communication, de temps, de sommeil, de plaisir, de chaleur, d’issue, de perspective, perte d’un proche, déracinement, absence de lumière, de rêves …
Vous recherchez l’élément déclencheur. Un visage manquant, une silhouette, quelqu’un qui se trouverait derrière une porte et qui pourrait vous tendre la main, des personnes qui pourraient vous aider à vous raccrocher à quelque chose de tangible.
Vous sentez une présence, une lumière se poser sur tout ce qui vous semble insignifiant et éteint. Vous réalisez alors que cette présence invisible, médusée et figée devant ces scènes anodines, n’est autre que vous. C’est le retour brutal et incontrôlable à la réalité.
Toutes ces scènes vides, inanimées, où l’absence d’un être se fait sentir prennent une autre dimension. Vous les regardez autrement. Ces instants, ces scènes, au demeurant banales, prennent du sens.
Résigné, sans réponses réelles à vos questions, vous acceptez à ce moment-là ce qui vous arrive, vous acceptez de reprendre le cours de votre vie.
Cette absence de soi est-elle terminée ? Est-ce un événement éphémère ou cet épisode cache-t-il un mal plus profond ?
(Tirage : gomme bichromatée)